Une vie de Corneille - Coup de pouce

Modifié par Delphinelivet

Pierre Corneille naît le 6 juin 1606 à Rouen au sein d'une famille bourgeoise. Son père est avocat au parlement de Rouen. Il s'agit d'un enfant studieux qui mène de brillantes études chez les Jésuites de Rouen, où il excelle déjà dans la composition de vers latin. À ses dix-huit ans, il devient avocat stagiaire au parlement de Rouen, mais l'appel de la poésie se fait ressentir : il écrit ses premiers vers en parallèle, qui seront publiés quelques années plus tard sous le titre de Mélanges poétiques

En 1629, il confie à une troupe de comédiens de passage à Rouen le manuscrit d'une comédie, Mélite. Celle-ci va être jouée à Paris et obtenir un certain succès : c'est le signe pour le jeune avocat qu'il lui faut poursuivre son activité littéraire. Plusieurs comédies et tragi-comédies suivent (Clitandre, 1631 ; La Veuve, 1631 ; La Place royale, 1634) qui continuent de s'attirer les faveurs du public parisien. Son nom et son talent commencent à être reconnus, si bien qu'en 1635, il rejoint un groupe de cinq auteurs patronnés par le cardinal de Richelieu. Il produit coup sur coup deux œuvres qui connaissent un succès immédiat et seront appelées à devenir des classiques absolus du théâtre français : L'Illusion comique, en 1636, qui célèbre les vertus de l'art théâtral, puis Le Cid, en 1637, que le tout-Paris s'empresse d'aller voir et qui occupe toutes les conversations mondaines. Le succès de cette dernière pièce est tel qu'elle engendrera un vif débat, dit "querelle du Cid", opposant les partisans de la pièce, qui révèrent son côté baroque, à ses détracteurs, plus férus d'une esthétique classique, qui lui reprochent ses bizarreries et excentricités. Le roi va également anoblir la famille de Corneille en 1637.

La décennie qui suit va voir Corneille délaisser ses comédies et tragi-comédies de jeunesse pour composer essentiellement des tragédies dont les sujets sont empruntés à l'Antiquité ou à la Bible. On pourra notamment citer Horace (1640), Cinna (1641), Rodogune (1645) ou encore Nicomède (1651). Durant cette période, Le Menteur (1643) et la Suite du Menteur (1644) font office d'incartades plus légères au sein d'une production éminemment grave et sérieuse. Il inaugure également le concept de "comédie héroïque" avec sa pièce Don Sanche d'Aragon (1650). C'est durant cette période faste que Corneille épouse Marie Lampérière, fille du lieutenant général des Andelys, avec qui il aura six enfants. Il également reçu en 1647 à l'Académie française : Corneille connaît ainsi un épanouissement personnel et professionnel. 

Il va cependant éprouver quelques revers par la suite : certaines de ses tragédies sont des échecs cuisants (Théodore, 1646 ; Pertharite, 1652) ; en outre, si sa tragédie Nicomède est quant à elle un succès public, le pouvoir lui reproche son contenu politique et son auteur est alors privé de ses charges d'avocat et de sa pension. Il décide de renoncer au théâtre et ses efforts littéraires de l'époque se consacrent essentiellement à une traduction en vers de l'Imitation de Jésus Christ. L'appel des planches se fait néanmoins ressentir et, en 1659, sous l'impulsion de Nicolas Fouquet, surintendant des Finances, il revient avec la tragédie Œdipe. Il va aussi concevoir le spectacle qui sera donné lors du mariage du roi en 1661, une pièce à machines intitulée La Toison d'or. Durant cette période paraît également la première édition complète de son théâtre. Corneille quitte alors définitivement Rouen pour s'installer à Paris et va produire à nouveau une série de tragédies (Sertorius, 1762 ; Othon, 1764 ; Attila, 1767). 

Corneille est désormais un auteur célébré, parfois désigné comme le "Prince des auteurs de théâtre", pour sa productivité et sa versatilité ; toutefois, différents événements viennent ternir ses vieux jours : deux de ses fils mourront, un autre sera grièvement blessé lors d'une bataille ; sur le plan professionnel, l'aura de Corneille ternit face à un jeune rival nommé Jean Racine ; en 1670, Corneille et Racine donnent en parallèle deux Bérénice, et la tragédie de Racine conquiert bien davantage le public et la critique. Corneille, lucide, décide de céder sa place à la jeunesse (Racine a trente-trois ans de moins que lui !) et prend sa retraite définitive en 1674, à l'âge de soixante-neuf ans. Il mourra dix années plus tard, à Paris, le 1er octobre 1684, et son nom demeurera comme l'un des plus grands dramaturges de la littérature française. 

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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